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VIE DE RANCÉ

teurs avec autant de rigueur et de sévérité que les homicides et les adultères.

» Il me reste, monsieur, une autre affaire, qui est d’empêcher qu’on ne croie que je favorise le parti des molinistes ; car je vous avoue que la morale de la plupart de ceux qui en sont est si corrompue, les maximes si opposées à la sainteté de l’Évangile et à toutes les règles et instructions que Jésus-Christ nous a données, ou par sa parole où par le ministère de ses saints, qu’il n’y a guère de choses que je puisse moins souffrir que de voir qu’on se servît de mon nom pour autoriser des sentiments que je condamne de toute la plénitude de mon cœur. Ce qui me surprend dans ma douleur, c’est que sur ce chapitre tout le monde est muet, et que ceux même qui font profession d’avoir du zèle et de la piété gardent un profond silence, comme s’il y avait quelque chose de plus important dans l’Église que de conserver la pureté de la foi dans la conduite des âmes et dans la direction des mœurs. Pour moi qui n’ai jamais pris de chaleur contre personne parce que je me suis toujours préservé de toutes sortes de liaisons quand je regarde les choses dans le désintéressement d’un homme qui ne veut avoir que Dieu et sa