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LIVRE QUATRIÈME

si je me suis trompé en cela même, je vous prie encore de me le pardonner. »

Ce ne sont pas là de ces modesties ostentatrices qui se glorifient. Mabillon parle à pleine ouverture de cœur ; aucun arrière amour-propre ne corrompt la sincérité de ses aveux : tels sont les fruits de la religion. Il y a loin de cette douceur à cette amertume du savoir, telle qu’on la sent dans les contentions de Milton et de Saumaise et dans les jugements de Scaliger.

Les actions confirmèrent les paroles ; et l’on trouve Mabillon à la Trappe suivi et accompagné avec respect par Rancé. Le 4 juin 1693, Rancé écrit à l’abbé Nicaise : « Le P. Mabillon est venu ici depuis sept à huit jours seulement. L’entrevue s’est passée comme elle le devait ; il est malaisé de trouver tout ensemble plus d’humilité et plus d’érudition que dans ce bon père. »

Bossuet, avec son bon sens, avait éclairé le point de la difficulté, en distinguant l’état de solitaire et l’état de cénobite.

La dispute ne s’éteignit pas là : les moines savants avaient pris les armes. D. Claude de Vert, sous le nom de frère Colombart, se jeta dans la mêlée. L’infatigable Rancé répondit toujours. Quatre lettres du P. Sainte-Marthe parurent,