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VIE DE RANCÉ

de la Gaule. Si ces récits valent quelque chose, ils augmenteront le respect de notre âge pour l’antique abbaye royale, maintenant simple paroisse de Paris ; et peut-être joindront-ils une émotion de plus aux pensées qu’inspire ce lieu de prières, consacré il y a treize cents ans. »

L’édit de Nantes fut révoqué en 1685 au mois d’août ; les cent cinquante-huit articles avaient été successivement cancellés par des lois. À ce propos, l’abbé de Rancé écrivait : « C’est un prodige que le roi a fait contre l’extirpation de l’hérésie. Il fallait pour cela une puissance et un zèle qui ne fût pas moins grand que le sien. Le temple de Charenton détruit, et nul exercice de religion dans le royaume, c’est une espèce de miracle que nous n’eussions pas cru voir de nos jours. »

La renommée de l’abbaye de la Trappe avait franchi les mers ; un missionnaire était arrivé de la Chine tout exprès pour voir le saint solitaire. Prêt à retourner aux Indes, Rancé lui écrivit ; et M. de Chaumont, ainsi se nommait-il, emporta cette lettre comme une relique protectrice : « Je ne saurais penser qu’avec étonnement, dit Rancé, qu’étant près de faire naufrage, la Trappe vous ait été présente, et que contre