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VIE DE RANCÉ

appelait-il au pape, Rancé en appelait au roi. Louis XIV évoquait l’affaire à son conseil, et, sans donner gain de cause à l’une des parties, rétablissait l’équilibre. La cour se partageait ; elle prenait un vif intérêt à ces démêlés du cloître ; un grand saint avait autant de crédit qu’un grand seigneur ; une gravité commune faisait que l’austérité de la religion communiquait de l’importance aux affaires du monde, et que les affaires du monde donnaient une vivacité utile aux intérêts de la religion.

Rancé avait consenti à se charger de la conduite spirituelle de l’abbaye des Clairets, monastère de femmes dépendant de la Trappe. Il était gouverné par Eugénie-Françoise d’Étampes de Valence, d’une plus illustre famille que celle de cette duchesse d’Étampes appelée la plus savante des belles et la plus belle des savantes. On voit dans des lettres du temps qu’on allait à cette abbaye par Nogent-le-Rotrou.

L’abbesse des Clairets était d’une morgue presque ridicule, même dans ces temps d’aristocratie. Elle disait de dom Zozime qu’il ne méritait pas seulement d’être son laquais, parce que ce n’était que le fils d’un bourgeois de Bellème.

La visite de Rancé aux Clairets est du 16 février 1690 ; on possède encore, avec la carte de