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VIE DE RANCÉ

et vous retirer de la bonne opinion que vous avez de votre petite personne. »

Thiers était curé de Champron. Dans une foule de pamphlets français et latins contre le chapitre de Chartres, Thiers avait attaqué le grand archidiacre de ce chapitre. Robert prétendait qu’un curé ne pouvait porter l’étole devant lui ; Thiers écrivit la Sauce Robert et la Sauce Robert justifiée. Le chapitre de Chartres obtint un décret d’arrestation contre le curé. Thiers donna à boire aux archers ; et ayant secrètement fait ferrer son cheval à glace, il leur échappa en passant sur un étang gelé : il se réfugia dans le diocèse du Mans. L’évêque, de Tressan, nomma Thiers curé de Vibraye ; et c’est là que le curé fugitif et renouvelé écrivit l’Histoire des Perruques. Thiers se montra aussi savant, aussi joyeux que le curé de Meudon, abstracteur de la vie inimitable du grand Gargantua. Son choix eût été bientôt fait, si on eût proposé à Thiers d’être Rabelais ou roi de France. C’étaient là les petites pièces qui se jouaient à la suite du grand drame de la Trappe.

Une demoiselle Rose était venue à la Trappe. Thiers avait été chargé d’examiner cette demoiselle ; il lui demanda « si elle était mariée », elle répondit « qu’elle ne s’en souvenait pas. »