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LIVRE PREMIER

Une autre fois, à Veretz, il entend des chasseurs dans les avenues de son château : il court, tombe au milieu d’une troupe d’officiers, à la tête desquels était un gentilhomme renommé par ses duels. Rancé s’élance sur le délinquant et le désarme. « Il faut, disait après le braconnier noble, que le ciel ait protégé Rancé, car je ne puis comprendre ce qui m’a empêché de le tuer. » On trouve une autre version de cette aventure : Rancé à cheval fut couché en joue par des chasseurs ; il n’était accompagné que d’un jockey, qu’on appelait alors un petit laquais : il se jette dans la bande, la fait reculer, et la force à lui demander des excuses.

Avant qu’il eût pris sa route en bas, son ambition le poussait à monter. Tonsuré le 21 décembre 1635, bachelier en théologie en 1647, licencié en 1649, il reçut en 1653 le bonnet de docteur de la faculté de Navarre ; dès 1651 l’archevêque de Tours, dans l’église de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, lui avait conféré à la fois les quatre mineurs, le sous-diaconat et le diaconat ; quelques mois après, le 22 janvier 1651, il fut ordonné prêtre.

L’imposition des mains étant faite, il ne restait plus qu’à passer à une cérémonie redoutable.