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LIVRE PREMIER

dame de Longueville et qu’ils regardaient Coligny. Madame de Montbazon les commenta avec toutes sortes de railleries. Cela fut rapporté à Mme de Longueville, qui devint furieuse. La cour se divisa. Les importants prirent le parti de madame de Montbazon, et la reine se rangea du parti de madame de Longueville, sœur du duc d’Enghien, dernièrement vainqueur à Rocroi. Les importants étaient un parti composé de quatre ou cinq mélancoliques, qui avaient l’air de penser creux (Retz). C’était madame de Cornuel qui les avait ainsi nommés, parce qu’ils terminaient leurs discours par ces mots : « Je m’en vais pour une affaire d’importance. » Le duc de Beaufort, le héros des halles, leur donnait une certaine renommée vaille que vaille. « Il avait tué le duc de Nemours, pleuré des hommes en public et des femmes en secret, » dit Benserade.

Le cardinal Mazarin convertit des tracasseries de femmes en une affaire d’État. Madame de Longueville exigeait une réparation, et Condé appuyait sa sœur ; madame de Montbazon refusait toute satisfaction, et le duc de Beaufort la soutenait.

« Durant que j’étais à Vincennes, dit mademoiselle de Scudéri, vint madame de Montba-