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VIE DE RANCÉ

ments semblait avoir empêché la corruption d’approcher d’elle.

Lorsque le duc de Guise partit pour la cour, Marcelle, qui possédait deux lyres, composa l’air et les rimes de quelques couplets ; ils furent entendus au bord de cette mer de la Grèce d’où nous viennent tant de parfums.


Il s’en va, ce cruel vainqueur,
 Il s’en va plein de gloire ;
Il s’en va, méprisant mon cœur,
 Sa plus noble victoire.

Et malgré toute sa rigueur
 J’en garde la mémoire.
Je m’imagine qu’il prendra
 Une nouvelle amante.


Paroles de poésie et de langueur, voix d’un rêve oublié, chagrin d’un songe.

On pouvait facilement s’imaginer que madame de Montbazon prendrait le nouvel amant dont le trésor tenterait ses belles et infidèles mains.

Madame de Montbazon fut l’objet de la passion de Rancé jusqu’au jour où il vit flotter un cilice parmi les nuages de la jeunesse. « Tandis que je m’entretiens de ces choses criminelles, dit un anachorète, les abeilles volent le long des ruisseaux pour ramasser le miel si doux à ma langue qui prononce tant de paroles injustes. »