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VIE DE RANCÉ

temps à la campagne, y étoit lorsque cette mort imprévue arriva. Ses domestiques, qui n’ignoroient pas sa passion, prirent soin de lui cacher ce triste événement, qu’il apprit à son retour. » « En montant tout droit à l’appartement de la duchesse, où il lui était permis d’entrer à toute heure, au lieu des douceurs dont il croyait aller jouir, il y vit pour premier objet un cercueil qu’il jugea être celui de sa maîtresse en remarquant sa tête toute sanglante, qui était par hasard tombée de dessous le drap dont on l’avait couverte avec beaucoup de négligence, et qu’on avait détachée du reste du corps afin de gagner la longueur du col, et éviter ainsi de faire un nouveau cercueil qui fût plus long que celui dont on se servait[1]. »

» Il n’y a rien de vrai, » dit Saint-Simon, rappelant cette version, « dans ce qu’on rapporte de madame de Montbazon, mais seulement les choses qui ont donné cours à une fiction. Je l’ai demandé franchement à M. de la Trappe, non pas grossièrement l’amour, et beaucoup moins le bonheur, mais le fait, et voici ce que j’ai appris. »

Et qu’a-t-il appris ? L’autorité serait décisive, si

  1. Entretiens de Timocrate et de Philandre.