Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/22

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L’Éditeur. — Je respecte toutes les opinions sincères, et Monsieur Stachel me paraît parler avec conviction ; donc, ce que je dis de cela, c’est que ce Monsieur peut avoir parfaitement raison ; toutefois le jugement qu’il porte sur Gay ne me donne pas une confiance immense en la sûreté de son goût, ni de sa judiciaire. En dépit de Monsieur Stachel je persiste à croire Gay beaucoup plus original, non dans son style, mais dans ses sujets, que La Fontaine ; je persiste à regarder ses fables comme fort jolies. Je crois, de plus, contrairement à l’opinion qu’il émet, qu’un traducteur a, sans conteste, le droit de faire le choix des morceaux qui doivent faire partie de la collection qu’il veut faire connaître. Que diable ! avec le principe mis en avant par Monsieur Stachel un collecteur de peintures ou de livres n’aurait pas le libre arbitre de composer son cabinet ou sa bibliothèque comme il l’entend ! Quand aux notes et aux commentaires philologiques et historiques réclamés avec tant d’insistance, j’avoue que je ne suis pas du tout disposé à me rendre de gaîté de cœur aussi ridicule que le fut feu Monsieur Auger de l’Académie Française qui publia en 1826 une édition de Molière accompagnée de commentaires qui avaient la prétention d’élucider des passages clairs comme le jour, commentaires qui excitèrent alors un rire homérique d’un bout de l’Europe à l’autre. Le but de la publication des « Beautés, » je le crierai sur les toits, s’il le faut, est de faire aimer le pays dont elles émanent, et de créer le désir de faire connaissance avec elles dans leur costume primitif. Après cela, je n’ai pas la prétention d’élever un monument, mais de préparer des matériaux à un architecte futur. Mon monument à moi, s’il faut vous le dire, ce n’est pas le livre que je publie aujourd’hui, mais ma traduction des Contes de Cantorbéry de Chaucer, toute défectueuse d’ailleurs qu’en soit la première édition.

LE Critique. — Vos réfutations n’ont pas l’heur de me plaire, comme dit dans sa drôle de langue votre drôle de