Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/25

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tence ? Il n’y a, il ne peut y avoir de beau, comprenez bien cela, que les composition de nos vrais poëtes, de nos lauréats par exemple : le poème de Maud a été vendu à 10,000 exemplaires, conséquemment Maud est un chef-d’œuvre.[1] Nos poètes lauréats, à peu près les seuls, ont un talent, je ne dirai pas impayable, car pour cette charge souvent difficile à remplir, de célébrer les grandes actions de la Couronne, (et comme on sait, où il n’y a rien le Roi perd ses droits) ils doivent être forcément contents de recevoir £300. bon an, mal an, mais au moins ont-ils un talent sinon bien populaire, sinon bien connu, au moins reconnu, oui, je l’affirme, reconnu par le ministre qui leur a conféré leur emploi, leur charge ; ce sont des poètes célèbres en un mot, et qui valent dix mille fois mieux que tous vos poètes anonymes,[2] qui n’ont jamais compté dans leurs rangs, que je sache, le moindre poète lauréat ! hein ! qu’en dites-vous ?

L’Éditeur. — Je dis, mon cher Critique, que vous avez raison, et comme mon brave ami Chaucer je fais ici ma rétractation : c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute, et pour avoir la paix avec vous, je me repens d’avoir fait entrer dans la collection que je livre aujourd’hui à la publicité les œuvres anonymes dont voici les titres :

  1. Nous nous inscrivons contre le dire du « Critique : » Ce n’est pas le poème de « Maud » — qui a été vendu à 10,000 exemplaires, mais bien la délicieuse Idylle qui le suit (The Brook) — la plus charmante chose qui ait été écrite, selon nous, depuis Moschus, Bien et Théocrite.
    Le Chavalier de Chatelain.
  2. À l’égard des poètes anonymes nous avons sans doute amende honorable à faire à quelques uns d’entr’eux que nous avons pu placer dans le premier volume destiné aux auteurs morts, sans avoir eu aucunement l’intention de les priver de la vie qu’ils peuvent avoir à l’heure où nous écrivons ces lignes ; nous craignons bien d’avoir ainsi mis a mort un poète Américain sur la foi d’un journal qui l’avait tué ; de toutes ces imperfections bien involontaires et presqu’inévitables, nous demandons humblement pardon à ceux qui nous lisent. — C de C.