Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et vous, vous m’avez dit : « Au delà des nuages
Il existe un Royaume habité par les Sages,
Dans un jour éternel gouverné par un Roi
Bien bon, où nous irons peut-être vous et moi. »

Et dites-moi, maman, pensez-vous que grand père
Soit dans son grand fauteuil avec ses yeux de verre,
Sa bible et son sourire, et qu’il me dise à moi,
Petit, viens m’embrasser ! comme avant son convoi ?

J’allais aussi le voir mon petit camarade
Alfred, il était mort, et même un peu maussade,
Vrai ! car il me bouda, moi l’ami de son choix !
Mais il sera content de me revoir, je crois…

Le vieux César aussi, mais vous m’avez dit, mère,
Qu’un chien ne peut aller où je vais… c’est misère !
Ce serait si gentil de le voir caressant
Vers moi, comme autrefois venir en bondissant.

Mais maman votre cœur, je le sens qui se brise,
C’est vrai que c’est bien triste et le vent et la bise ;
Les feuilles et les fleurs auront vécu demain :
Mais nous en reverrons là haut, j’en suis certain.



La Chanson du Cerisier.


Au réveil du printemps, Dieu dans sa bienveillance
Dit : « Allez, préparez la table pour le Ver. »
Et sitôt qu’il a dit, le Cerisier commence
À jeter par milliers ses feuilles en plein air.

De son œuf protecteur soudain le Ver s’éveille,
Point n’a senti le froid dans sa maison d’hiver,
À peine encor sait-il ou s’il dort, ou s’il veille,
Qu’il se sent faim, et ronge avec sa dent de fer.