Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/55

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Ses cheveux descendaient en magnifiques tresses
Sur sa poitrine, et lui voilaient le sein,
Ses lèvres provoquant aux plus douces caresses,
Ivres d’amour étaient comme rouges de vin :
Ses bagues, ses joyaux scintillaient de richesses,
C’était de l’or, et du plus pur,
Escarboucle éclairant, illuminant l’obscur.

Le cadavre était-il donc hanté d’aventure,
Ou bien la chambre, ou ma foi tous les deux ?
Car de ce jouvencel immobile est l’allure
Et ses yeux flamboyante ont de singuliers feux !
Il semble que sa chambre ait changé de nature,
Que l’établi du disséqueur
Soit devenu soudain un boudoir enchanteur.

Des rideaux de dames pendaient à la fenêtre,
On distinguait et pendule et flambeaux ;
L’âtre vivace encore ajoutait au bien-être ;
Le plateau paraissait un lit et des plus beaux,
Comme ces lits anciens taillés de bois de hêtre
Tout garnis d’oreillers moëlleux,
Qu’avec tant de plaisir grimpaient les amoureux.

Voluptueusement sur ce lit de parade
Se prélassait la superbe beauté,
Les yeux en feu, la bouche appelant Paccolade,
Et le sein palpitant d’amour, de volupté.
Le cœur du jouvencel lors battit la chamade,
Et dans ses désirs amoureux
Il rêva ce bonheur que l’on n’obtient qu’à deux.

« Du bienheureux Eden, dis, es-tu donc venue
Pour adoucir ma cuisante douleur ?
Toi qui fus mon amour, ô ma belle perdue !
Oh ! toujours désormais seras près de mon cœur !
Le ciel rend le bonheur à mon âme éperdue,