Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/59

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« Et ne se peut-il pas qu’au camp de l’Infidèle
Et sous les chaînes du vainqueur
Je ne te prenne engourdi de douleur…
Car j’ai des moyens sûrs de mater un rebelle ! »…

« Oh ! s’il en est ainsi, malheureux est mon sort,
La fatalité le domine ;
Mais vois… la croix brille sur ma poitrine,
Avec si noble signe on peut te braver, Mort !

« J ‘embrasse de tout cœur ta cause ô Saint Tombeau !
Sonne clairon, sonne trompette,
De toi mon Dieu la volonté soit faite !
Je te défie ô Mort et nargue ton niveau ! »



Une Idée Consolante.


Ne désespérons pas de l’humaine nature,
Un rayon de lumière pure
Vacille malgré tout dans le plus sombre esprit :
Le sauvage guerrier et le sage érudit
Sont liés l’un à l’autre, et cela, sans lacune
Par la fraternité de l’amitié commune :
Ne désespérons pas, ne désespérons pas :
Car dans ce monde étrange
On ne pourrait trouver un cœur placé si bas
Qui n’eut parfois quelque chose de l’ange.

Au sortir de la mine elle est peu belle à l’œil
La pierre brute en son linceuil,
Et cependant caché dans son sein, dans ses veines
Existe à l’état pur le marbre des Cévennes.
Il est peu de rochers qui n’aient sur leurs sommets
Si dénudés qu’ils soient, quelques jolis duvets :
Ne désespérons pas, car dans ce monde étrange
Se cache à tous les yeux
Sous le plus vil charbon le bijou précieux…
Nous avons tous quelque chose de l’ange.