On disait qu’on allait décorer de sculptures
Son tombeau,
La renommée en pleurs éteignant son flambeau
Sur des monceaux de morts, de canons et d’armures :
Moi, je dessinais plus humain,
Aux deux côtés la veuve et l’orphelin.
Que sont-ils les lauriers qui parent ta poussière
Conquérant,
Si par ambition ainsi qu’un noir torrent
Tu balayas le monde en ta fureur guerrière ?
Hélas ! des lauriers imposteurs
Rouges du sang de tes vaines grandeurs !
Aime-Moi Peu, mais Longtemps Aime-Moi.
Aime-moi peu, mais longtemps aime-moi,
C’est le refrain de ma chanson, ma foi !
L’amour trop chaud, trop plein de zèle,
À pour durée une étincelle :
Pourtant ne te voudrais trop froid,
Ni trop revêche à mon endroit ;
L’amour qui dure après l’affaire consommée,
Ne s’évanouit en fumée.
Aime-moi peu, mais longtemps aime-moi,
C’est le refrain de ma chanson, ma foi !
Si m’aimes trop, cela pourrait bien quoi !
Ne pas durer assez longtemps par soi !
Aime-moi peu, car je redoute
Un amour qui de rien ne doute :
Je me contente de peu moi ;
Et de peu si me fais l’octroi,