Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/92

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Quand leur heure est venue, allant vers le repos,
Elles penchent la tête et t’émiettent poussière ;
Ne craignant pas la parque, encore moins Minos ;…
Si nous pouvions ainsi retourner à la terre !



BOWLES (REV. W. LISLE).


Né en 1762—Mort en 1850.


Les Enfants Endormis de Chantrey.


Regardez ces enfants sur le même oreiller
Dormant ; marchez tout bas pour ne gâter leur songe,
Surtout n’approchez pas ; leur mère, quand j’y songe,
Sitôt qu’il sera jour, les doit seule éveiller
Avec un doux baiser, une douce parole,
Un regard bienveillant qui tous deux les cajole !
Mais, hélas ! ils sont morts ! ils sont morts tous les deux,
Dans les bras l’un de l’autre, et paraissent heureux !
Comme si de mourir dans la verte jeunesse
C’est rêver de printemps, de fleurs et de Hesse !
De fleurs !… Mais approchez, un lis est dans la main
De ce petit enfant, de ce beau chérubin,
Un lis brisé, mais non flétri, dont le calice
Est imbibé d’un pleur qui brille à l’orifice.
Ainsi dort-il l’enfant non flétri quoique mort ;
Paraissant écouter de sa sœur qui s’endort
Le soufle délicat, la molle et douce haleine,
Comme il les entendait se soulever sans peine,
Alors qu’en l’embrassant avant de s’endormir
Tout auprès de sa sœur il allait se blottir !
Du sommeil si profond dont il dort ce bel ange
Seule le tirera la trompe de l’archange.
"Prenez, prenez ces fleurs qui tombent de la main
Du petit enfant mort, prenez, prenez soudain,
Et soupirez pour lui, pour ce doux petit être
Un adieu pour toujours, un au revoir peut être !