Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/392

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Elle était parée en vue de son mariage,
cette fraîche pucelle, et couverte de clairs joyaux ;
780son frère, qui avait sept ans d’âge,
était, lui aussi, fraîchement paré à sa manière.
C’est ainsi qu’en grande splendeur et avec un air de fête,
poursuivant leur voyage vers Saluces,
jour après jour, ils s’en viennent chevauchant.


Explicit quarta pars.


Sequitur quinta pars.


Cependant, selon sa perverse coutume,
le marquis, pour tenter sa femme encore plus
et mettre ses sentiments à l’épreuve extrême,
pour s’assurer pleinement et savoir
si elle restait aussi constante qu’auparavant,
790un jour, en audience publique,
il lui a tenu d’une voix fort rude ce langage :

« Certes, Grisilde, j’avais plaisir en suffisance
à vous avoir comme femme, tant est grande votre vertu, .
votre fidélité et votre obéissance,
à défaut de lignée et de richesse ;
mais je tiens maintenant comme la vérité même
qu’en grande seigneurie, à s’en bien aviser,
est grande servitude, de diverses façons.

Je ne puis ce que peut le moindre laboureur ;
800mon peuple me contraint à prendre
une autre femme, et ne cesse de clamer tout le jour ;
et le pape aussi, pour éteindre toute rancune,
y consent, j’ose m’en porter garant ;
et, pour vous dire très franchement la chose,
ma nouvelle femme est en chemin, elle arrive.

Soyez courageuse, et, sans plus, videz sa place,
et cette dot que vous m’avez apportée,
remportez-la, je vous l’accorde en grâce ;
retournez à la maison de votre père (dit-il),
810personne ne peut avoir prospérité parfaite ;