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traité honteux de 1774. Malgré l’état de paix apparent, la Russie n’en fit pas moins une guerre sourde au trop faible Abdul-Hamid. La Crimée fut envahie. Enfin, en 1787, le sultan déclara la guerre à la Russie et malgré la diversion que Gustave III, roi de Suède, fit en sa faveur, les armes ottomanes durent céder, non sans honneur, aux efforts réunis de Catherine et de Joseph II. Il perdit ses provinces situées au-delà du Danube. Abdul-Hamid mourut le 7 avril 1789, au milieu de ses préparatifs de défense, laissant à son neveu Selim, un trône ébranlé par les attaques toujours renaissantes de ses ennemis extérieurs, et au dedans des pachas révoltés, des armées sans discipline, des ministres corrompus et des généraux sans expérience et sans talens.

ABDUL-FETTA-BEY, vice amiral ottoman. La Porte l’envoya au mois de septembre 1799, remplacer dans la rade d’Aboukir Said-Mustapha, fait prisonnier. Il fut encore plus malheureux que lui ; car s’étant retiré en Chypre, à la suite d’un échec, il y périt, massacré par ses propres troupes.

ABDUL-MUMEN. Voyez Abdel-Moumen.

ABÉ, fille de Zénophanes, l’un des tyrans de la ville d’Olbe en Cilicie, fut mariée dans la famille des Teucers, souverains et grands pontifes d’Olbe. À la faveur de cette alliance, elle établit sa domination sur cette ville, et sur le pays qui en dépendait. Marc-Antoine et Cléopâtre lui en conservèrent la propriété. Mais, après la mort d’Antoine, la souveraineté et le grand-pontificat d’Olbe rentrèrent dans la famille des Teucers.

ABEILLE (Gaspard), naquit à

Riez en Provence, l’an 1648. Sorti de sa province dans sa première jeunesse, il vint à Paris, et s’y fit rechercher par l’enjouement de son esprit. Le maréchal de Luxembourg se l’attacha, en lui donnant le titre de son secrétaire. Le poète suivit le héros dans ses campagnes. Le maréchal lui donna sa confiance pendant sa vie, et à sa mort il le recommanda à ses héritiers, comme un homme estimable. En vivant avec les grands, il sut se faire respecter par un mélange heureux de liberté et de prudence. C’est ce qu’il disait lui-même, en ajoutant qu’il n’avait pas été réduit à s’écrier, comme le bourgeois de Molière, qui avait voulu s’allier à la gentilhommerie : Ah ! Georges Dandin ! où t’es-tu fourré ? le prince de Conti et le duc de Vendôme l’honorèrent de leur familiarité. Il leur plaisait par sa conversation vive et animée. Les bons mots qui auraient été communs dans la bouche d’un autre, il les rendait piquans par le tour qu’il leur donnait, et la manière dont il les débitait. Un visage fort laid et plein de rides, qu’il arrangeait comme il voulait, lui tenait lieu de differens masques. Quand il lisait un conte ou une comédie, il se servait fort plaisamment de cette physionomie mobile, pour faire distinguer les personnages de la pièce qu’il récitait. L’abbé Abeille eut un prieuré, et une place à l’académie française. Nous avons de lui des Odes, des Épîtres, plusieurs Tragédies (il les faisait jouer sous le nom du comédien La Thuillerie), une Comédie et deux Opéra. Un prince disait de sa tragédie de Caton, que « si Caton d’Utique ressuscitait, il ne serait pas plus Caton que celui de l’abbé Abeille. » L’abbé Goujet