Page:Chaudon, Delandine, Goigoux - Dictionnaire historique, tome 1.djvu/58

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plus grandes conquêtes. Abou-Bekr mourut peu de temps après avec la réputation d’un prince généreux, clément et ami des lettres. Il fut enseveli à Médine, l’an de Jésus-Christ 654 suivant les uns, et 640 suivant les autres. Il rédigea les révélations de Mahomet, qui jusqu’alors n’existaient que sur des feuilles éparses. Abou-Bekr fut un de ceux qui contribuèrent le plus efficacement à la propagation de la loi de Mahomet, par les voies de la douceur et de la persuasion, plutôt que par celles de la contrainte. Il était si désintéresse qu’il ne prit jamais dans le trésor, que de quoi entretenir un chameau et un esclave, et à sa mort on ne lui trouva pour tout bien que trois drachmes. Les sectateurs d’Abou-Bekr le regardent comme un héros et un saint, et ceux d’Ali comme un brigand et un usurpateur.

ABOUGEHEL, Arabe et idolâtre, ennemi de Mahomet, qui avait prononcé contre lui un arrêt de réprobation. Mais son propre fils, Acramas embrassa le culte du prophète. Les musulmans, en terme de mépris, appellent la coloquinte, le melon ou le concombre Abougehél.

ABOU-HANIFA, fils de Tsabit, né à Koufa, an de J. C. 699 . Les musulmans l’estiment pour son Exposition de leurs Lois, mais il fut persécuté, parce qu’il niait la prédestination et mourut en prison à Bagdad en 767 ; 385 ans après sa mort, le calife régnant fit élever un mausolée en son honneur, et fonda une espèce de collége pour ses sectateurs.

ABOULAINA, fille d’un savant Arabe, aussi célèbre par son esprit que par sa beauté. Son père, pauvre, et cherchant à être protégé, allait chaque matin saluer le visir, et en revenait toujours sans emploi. Aboulaina dégoûta son père du métier de courtisan, en lui citant à propos une maxime d’un poète arabe, relative à l’adoration des idoles. « Ne servez pas, lui dit-elle, qui n’entend point, qui ne voit point, qui ne vous procure aucun avantage. »

ABOULAINA, docteur musulman, et fameux par sa présence d’esprit. Moïse, fils du calife Abdel-Meleck, ayant fait secrètement mettre à mort un des amis d’Aboulaina, publia qu’il s’était enfui. On demanda au docteur ce qu’était devenu son compagnon, il répondit par ces paroles de l’Écriture : Moïse le frappa et il mourut. Le jeune prince ayant appris cette réponse, fit venir le philosophe, et le menaça d’une punition sévère. Il répondit encore par ces autres paroles de l’Écriture : Veux-tu me tuer