Page:Chauvet - L Inde française.djvu/184

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une dot consistant en bijoux. Les mœurs indiennes admettent ces unions passagères, car les jeunes filles ne trouvent à se marier d’une façon sérieuse qu’après ce stage généralement admis comme indispensable.

Ces jeunes filles ressentent quelquefois un sincère attachement, une affection vraie, et réparent par là la faute qu’elles ont commise, selon notre civilisation, et qui n’en est pas une selon les mœurs de l’Inde.

De sorte que les gens doués de raison les préfèrent aux bayadères. Mais de même que nous voyons, à Paris, les gommeux et les gandins se ruiner bêtement pour des femmes plâtrées, peintes, n’ayant pas plus d’esprit que d’attraits, les ramollis de l’Inde se laissent plumer par les bayadères qui sont les cocottes de la grande péninsule.

Les danseuses des pagodes ont en eux une clientèle qui leur reste fidèle par la raison qu’elles ne reculent devant aucun excès ; qu’elles tiennent tête aux plus intrépides dans les orgies auxquelles elles assistent et qu’elles affichent audacieusement les scandales de leur vie excentrique.

C’est ce que constatait un vieux magistrat qui n’avait jamais su parler correctement le français, et qui, requérant contre des jeunes gens accusés de rixe et de tapage nocturne, disait que les prévenus étaient réellement coupables, puisqu’ils avaient appelé à eux « des bayadères et des saltinbamquiers. »