Page:Chauvet - L Inde française.djvu/194

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vite, à l’exemple de beaucoup d’autres, L… venait de serrer les nœuds de l’hyménée, au moment où les événements politiques rapprochèrent de lui son ancien protecteur.

L’expérience et le temps avaient accompli chez ce personnage une métamorphose complète. Il ne restait plus rien en lui du viveur d’autrefois, du coureur d’aventures, du riche bohémien qui avait jeté sa fortune à tous les souffles de son caprice, dont le jeu, les duels et les faciles amours avaient été longtemps les seules occupations.

Dépouillé, en moins de trois ans, de l’héritage paternel qui s’élevait pourtant à un million, n’ayant en perspective que des espérances lointaines, le dissipateur eut assez de force de caractère pour rompre avec les vices qui l’avaient ruiné et pour manifester énergiquement la volonté de se refaire une fortune.

Ramassant quelques bribes de sa trop courte opulence, il se rendit en Amérique. Il espérait trouver ce qu’il cherchait dans quelqu’une de ces petites républiques encore mal assises dans leur autonomie et livrées à des révolutions périodiques, nécessaires peut-être à la constitution des nationalités et des peuples, comme, en matière d’hygiène, l’expulsion violente des humeurs est indispensable au corps humain.

Notre homme devint tour à tour corsaire, négrier, marchand d’esclaves. Une fois, sa barque fut coulée avec