Page:Chauvet - L Inde française.djvu/199

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peu à peu le regret du monde se révéla dans leurs entretiens. Sir Williams fut le premier à bailler, à se plaindre, à faire des allusions, timides d’abord, puis directes, à la vie civilisée.

— De quoi vous plaignez-vous ? lui disait L…, nous n’avons ni gendarmes ni gardes champêtres pour nous interdire la chasse ; nous sommes les deux consuls d’une république fantastique.

— Il nous manque quelque chose, risquait l’Anglais.

— Quoi ?

— Des femmes !

— Des femmes ! et pourquoi faire s’il vous plait ?

— Pour faire notre soupe.

— Celle que vous fabriquez est excellente.

— Notre république manquant de citoyens, je voudrais avoir sous mes ordres au moins quelques citoyennes.

— Ah ! ça, mon cher, que vous ai-je fait pour qu’il vous passe par la tête l’idée saugrenue d’introduire dans notre thébaïde des animaux malfaisants ? vous n’êtes qu’un sybarite, un faux sauvage, un affreux civilisé !

Sir Williams courbait la tête en silence et se taisait, mais il recommençait le lendemain, si bien que, vers la fin du huitième mois, il déclara qu’il ne resterait pas plus longtemps dans ce désert. L… refusa de le suivre, se prétendant engagé d’honneur à devenir homme des bois, même cannibale à l’occasion. Cependant, généreux