Page:Chauvet - L Inde française.djvu/203

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dobachi marche à côté de la portière, un bambou à la main pour écarter les curieux ; s’il est en voiture, le fidèle serviteur se tient en lapin sur le véhicule. Le maître exprime-t-il un désir, le dobachi court aux informations, interroge ses confrères, et en apprend le soir même à son maître plus que celui-ci ne tenait à savoir.

L’élément dans lequel brille de tout son éclat ce maître Jacques indien c’est l’intrigue amoureuse. Il excelle à remettre un billet doux, à écarter un fâcheux, à préparer une rencontre. Il se glisse au sein des familles comme un serpent sous l’herbe.

Lorsque, dans le cours d’une promenade, je rencontrais une femme ; si mon regard se fixait avec trop d’attention sur elle, Antou me disait :

— Saheb désire connaître cette dame ?

— Oui, est-ce que tu la connais, par hasard ?

— C’est madame A…, veuve d’un officier anglais ; elle est venue se fixer à Pondichéry afin de vivre plus confortablement avec sa pension. Si vous voulez lui rendre visite ?…

— Y songes-tu ? je viens de la voir pour la première fois.

— Laissez-moi faire : elle vous recevra bien.

Et de fait, j’étais attendu le lendemain et on me faisait le meilleur accueil.

Le dobachi sait tout, voit tout ; se faufile partout. Il