Page:Chauvet - L Inde française.djvu/243

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Mon fidèle dobachi, qui m’avait accompagné, m’assura qu’à l’aide de procédés connus d’eux seuls, les Indiens pouvaient marcher sur le feu sans compromettre leur épiderme. Cependant, l’odeur de rôti, qui m’avait si fortement affecté, et certaine claudication que les pauvres acteurs de cette scène étrange dissimulaient avec peine, me prouvaient suffisamment que, si les procédés existaient, ils étaient d’une efficacité plus que douteuse.

En assistant à ces manifestations d’un fanatisme aveugle, on ne peut s’empêcher de faire des comparaisons. Quel contraste entre cette foi robuste, cet esprit de renoncement et de sacrifice, ce rachat par la douleur volontaire, et la contagion du nihilisme qui envahit le monde européen ?

En Europe, les phases de la vie se déroulent sans qu’on y prenne garde, pour ainsi dire. Dans l’Inde, rien ne se fait sans la pensée d’en haut ; chaque acte de l’existence reporte l’esprit du croyant vers une divinité quelconque.

À la naissance, les astres sont consultés, l’horoscope se dresse, les constellations prononcent. Dans le cours de la vie et à l’heure de la mort, l’Indien se soumet constamment à une sorte de discipline de l’âme à laquelle, il est vrai, ne préside ni la logique ni la raison.

L’excès existe donc à peu près partout : où est la