Page:Chauvet - L Inde française.djvu/268

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moyen. On ne marche que la nuit et l’on campe pendant toute la journée, attendant, pour se remettre en route, que le soleil ait disparu de l’horizon.

Une nuit du commencement de juillet 1853, je commençai cet agréable voyage, suivi de toute ma maison, le dobachi en tête, à l’aide de deux charrettes traînées par de magnifiques paires de bœufs. J’emportais tout avec moi, les provisions et les ustensiles de cuisine ; car je savais que je ne trouverais rien sur ma route, si ce n’est du pain à trois ou quatre stations déterminées.

Dans l’Inde, les étapes sont d’environ cinq lieues. Aucun industriel n’ayant songé à fonder un hôtel à chaque étape, on se contente de l’hospitalité à la manière indienne, c’est-à-dire qu’on accepte tel qu’il est l’abri que vous offre, non pas le hasard, mais une touchante coutume dont l’origine se perd dans la nuit des temps et que la tradition a perpétuée jusqu’à nous.

À travers l’immense péninsule, dans quelque direction qu’il marche, le voyageur rencontre à chaque étape une maison élevée à son intention. Les Anglais ont décoré ces sortes de caravansérails du nom de bengalow ; les Indiens les appellent chaudries. Depuis deux siècles environ, non loin de l’asile ouvert aux natifs, il y a la maison destinée aux Européens.

Les anciens princes de l’Inde tenaient honneur d’offrir aux voyageurs des lieux de repos dans leurs royaumes où les routes étaient à peine tracées et où les distances