Page:Chauvet - L Inde française.djvu/300

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pris l’habitude de quitter le rajah le moins possible. Pendant les quelques jours que je passai à Tanjore, il se fit son ombre et le suivit impitoyablement partout. Je ne m’inquiétai guère de ces petites manœuvres ; je riais même de bon cœur des préoccupations fébriles que procurait ma présence à l’excellent M. Fakland, et je ne laissai échapper aucune occasion de les augmenter.

Ma première journée fut employée à visiter le palais du roi, qui est l’un des plus magnifiques de l’Inde. M. Fakland ne nous lâcha pas d’une minute. Le rajah nous ayant prévenus qu’un grand tigre lui était signalé dans les jungles situées à deux lieues de la capitale, sur l’un des bras du Cavery, et que la chasse aurait lieu le surlendemain, je vis pâlir M. Fakland.

Peu amateur de cette chasse dangereuse, le résident était en outre un détestable cavalier et craignait surtout de monter sur un éléphant dont les caprices pouvaient compromettre la sécurité de sa précieuse personne. Il fut bien tenté de décliner l’invitation du rajah ; mais il se décida lorsqu’il m’entendit remercier le jeune prince de sa gracieuse attention.

— Cette partie, me dit Scher-Sing, est donnée en votre honneur et pour vous, Saheb, mon vizir m’ayant assuré que vous n’avez jamais assisté à une pareille chasse.

— Je suis aux ordres de Votre Hautesse, répliquai-je