d’Indiens agitant leurs torches et criant de toute la force de leurs poumons :
— Saheb ! Saheb ! Adieu, saheb !
La même scène se renouvela, lorsque, ayant renvoyé mon palanquin, mes charrettes se mirent en marche. Je portai la main sur mon cœur en signe d’adieu à la foule, qui reprit lentement le chemin de Pondichéry. À partir de ce moment, la marche de mon équipage prit l’allure calme et majestueuse qui convient à des bœufs traînant une grandeur déchue, et j’arrivai à Madras sans autre incident que celui qui m’attendait à Saint-Thomé, sur l’une des hauteurs qui dominent la ville.
Un corps d’armée de la Compagnie s’y livrait à des manœuvres au moment où ma caravane défilait. La musique d’un régiment de higlanders se fit entendre alors ; ce fut un chant français très-connu qui frappa mon oreille. On aurait dit que la musique n’attendait que mon passage pour le saluer d’un air de mon pays : cet air était le Chant des Girondins, dont les rues de Paris avaient si longtemps retenti.
Malgré moi, je me mis à répéter ces paroles :
Mourir pour la patrie !
J’allais la revoir : deux larmes tombèrent de mes yeux.
À peine installé dans un hôtel modeste, laissant mes domestiques prendre les dernières dispositions pour un