Page:Chauvet - L Inde française.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous êtes Sadyck ! lui dis-je.

— Cette fois, vous avez frappé juste. Je suis ce Sadyck qui, élève de l’école égyptienne, placé ensuite dans un des collèges de votre merveilleuse capitale, eut le bonheur d’y être votre condisciple… Venez vous placer près de moi, ajouta-t-il, en me serrant affectueusement les mains, et tout en jouissant du plaisir de la promenade, nous aurons le bonheur de revivre ensemble par le passé.

Mon copain appartenait de fort près à la personne du vice-roi ; il était son cousin. À la mort de son père, devenu possesseur d’une fortune considérable, dont les revenus variaient entre huit ou dix millions, Sadyck-Pacha fut invité par son parent à venir résider en Égypte.

— Je possède, dit-il, un palais au Caire, un autre à Alexandrie, des villas jusque dans le désert ; j’ai un harem de femmes comme l’empereur des Ottomans, un bateau à vapeur sur lequel je remonte le Nil quand il me plaît ; je suis fort riche, et pourtant je m’ennuie.

— Il me semble que je ne m’ennuierais point à votre place.

— Qui sait ? J’ai vécu si longtemps de la vie de Paris, jouissant de vos libertés qui s’étendent à tout, parlant votre langue qui est si belle, prenant largement ma part de vos plaisirs, si variés et si complets, que l’existence monotone de cette grande cité, nommée la Victorieuse, je ne sais pourquoi, me paraît en même temps fatigante