Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/235

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Nous sommes, vous et moi, membres de comédie.

Notre corps n'admet point la méthode hardie

De s'arroger ainsi la pleine autorité ;

Et l'on ne connaît point chez nous de primauté. [1120]

BALIVEAU, à part.

C'est à moi de plier, après mon incartade.

DAMIS, gaiment.

Répétons donc en paix. Voyons, mon camarade.

Je suis un fils...

BALIVEAU, à part.

J'ai ri. Me voilà désarmé.

DAMIS

Et vous, un père...

BALIVEAU

Eh ! Oui, bourreau, tu m'as nommé.

Je n'ai que trop pour toi des entrailles de père, [1125]

Et ce fut le seul bien que te laissa mon frère.

Quel usage en fais-tu ? Qu'ont servi tous mes soins ?

DAMIS

À me mettre en état de les implorer moins.

Mon oncle, vous avez cultivé mon enfance.

Je ne mets point de borne à ma reconnaissance, [1130]

Et c'est pour le prouver que je veux désormais

Commencer par tâcher d'en mettre à vos bienfaits ;

Me suffire à moi-même en volant à la gloire,

Et chercher la fortune au temple de mémoire.

BALIVEAU

Où la vas-tu chercher ? Ce temple prétendu [1135]

(Pour parler ton jargon) n'est qu'un pays perdu,

Où la nécessité, de travaux consumée,

Au sein du sot orgueil se repaît de fumée.

Eh ! Malheureux ! Crois-moi, fuis ce terroir ingrat.

Prends un parti solide et fais choix d'un état [1140]

Qu'ainsi que le talent, le bon sens autorise ;

Qui te distingue et non qui te singularise ;

Où le génie heureux brille avec dignité,

Tel qu'enfin le barreau l'offre à ta vanité.

DAMIS

Le barreau !

BALIVEAU

Protégeant la veuve et la pupille, [1145]