Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/29

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Si leur son monotone offensait ton oreille,
L’Arioste dira dans sa rare merveille
Les amours d’Olympie et son triste abandon.
Ah ! tu serais cent fois pire en ta trahison
Que ce perfide amant qui déserta sa belle,
Si, loin de Médora, tu courais infidèle ;
Oui, pire que ce traître, en tout âge fameux,
Qui… je te vis sourire un jour, quand à nos yeux
Un ciel pur dévoila sur la mer diaphane,
Saillante entre les rocs, son île d’Ariane.
Moitié jeu, moitié peur, je me disais à moi :
Si le temps me jetait dans le doute et l’effroi,
Conrad laisserait-il l’amante qu’il adore ?
Il me trompait, car lui des mers revient encore. » —
« Oui, Conrad reviendra, tu pourras le revoir
Tant qu’il aura la vie et là haut de l’espoir.
Oui, Conrad reviendra, Médora, sois-en sûre ;
Mais le temps fuit, déjà du départ l’heure est mûre.
Que t’importe h présent le motif et le lieu,
Si tout doit aboutir au mot cruel : adieu.
Je voudrais, si le temps le permettait, te dire…
Allons, bannis l’effroi que l’absence t’inspire,
Pour toi ces ennemis ne sont point dangereux ;
La garde veillera double partout contre eux,
Prête au siège soudain, à la longue défense.
Ne sois point seule ici de ton maître en l’absence ;
Nos matrones pour toi, tes femmes vont rester,