Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/41

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IV


« Derviche, d’où viens-tu ? » — « De l’antre du Corsaire
Échappé cette nuit, j’ai fui de son repaire. » —
« Où, quand t’avait-on pris ? » — « Du port Scalanova
Le Saick naviguait vers Scio, mais Allah
N’a point daigné bénir notre juste entreprise :
Le gain du marchand turc est devenu la prise
Du pirate vainqueur dont j’ai porté les fers.
Sauf le bonheur perdu d’errer dans l’univers,
Je n’avais point la mort à craindre ou la richesse
Dont j’eusse à regretter la perte en ma détresse ;
Mais un pauvre pêcheur m’a lui-même apporté
Et la chance et l’espoir d’avoir la liberté.
J’ai saisi l’heure ; ici, j’ai trouvé ton asile ;
Avec toi, grand Pacha, la crainte est inutile. » —
« Les proscrits font-ils hâte et sont-ils préparés
À garder leur butin et leurs rocs assurés ?
Soupçonnent-ils le plan que notre ruse trame
De voir du scorpion l’antre et le nid en flamme ? » —
« Pacha, l’œil abattu, l’œil en pleurs du captif
Qui veut fuir, siérait mal à l’espion craintif.
J’entendis seulement la mer folle de rage,
Refusant d’emporter le captif du rivage
Et ne fis qu’observer un soleil et des cieux
Pour mes fers si pesants trop brillants et trop bleus.