Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/83

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Les gardes sont gagnés ; un moment, et demain
Tout est fini, Corsaire, et dans un sûr asile,
Si nous nous recontrons, c’est dans un port tranquille.
Si cette main faiblit, qu’un brouillard matinal,
Comme un sombre linceul, enveloppe le pal. »

IX


Sans qu’il ait répondu, Gulnare s’est enfuie ;
Mais son œil la poursuit dans le sombre horizon ;
Sa main rassemble alors sa chaîne qu’il replie,
Des anneaux tortueux en étouffant le son.
Ni barreaux, ni verroux n’arrêtent son passage ;
Sur les pas de Gulnare il cherche à se mouvoir,
De ses membres captifs autant qu’il a l’usage,
La nuit épaisse règne en ce dédale noir ;
Il ne sait où marcher sous la voûte inconnue ;
Ni gardes ni flambeaux n’en éclairent l’issue.
Il aperçoit soudain une faible lueur.
Doit-il chercher ou fuir sa clarté qui scintille ?
Il se fie au hasard. Il sent une fraîcheur
Comme l’air sur son front que le matin distille ;
Il atteint dans sa course un long portique ouvert.
De la nuit à ses yeux fuit l’étoile dernière,
Qu’il voit à peine au ciel, car il a découvert
Une clarté qui sort d’un réduit solitaire.