Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est assez, elle est morte. Et de quelle manière ?
N’importe. Du jeune âge avec elle est passé
L’amour ; d’un temps meilleur l’espérance future ;
De la crainte et la joie à l’amant délaissé,
L’objet, hélas ! ravi dans sa source si pure.
Du seul être vivant, qu’il ne pouvait haïr,
Séparé brusquement, son sort il le mérite,
Mais ne le sent pas moins en se voyant punir.
Le juste aspire au port, objet de sa poursuite,
À la paix, où du crime est impuissant l’essor.
L’orgueilleux, le méchant, bornant ici sa joie,
Trouve la terre assez pour la douleur encor,
Et perd en un seul coup son bien, unique proie.
Peut-être une ombre, un rien. Qui se voit arracher
D’un esprit résigné son bonheur, son délice ?
Plus d’un stoïque front d’un masque sait cacher
Des cœurs qui du malheur ont vidé le calice.
Que d’arides pensers d’un sourire trompeur,
Voilés, mais non perdus, simulent le bonheur !

XXII


Celui qui sent le plus a le moins d’éloquence
Pour exprimer du cœur la confuse souffrance,
Quand de mille desseins auxquels l’âme a recours
Nul ne lui garantit remède ni secours.