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LE PARFUM DES PRAIRIES

possède, au suprême degré, cette nonchalance de corps qui produit, lorsqu’elle marche, ce balancement gracieux que les Arabes admirent ; ses cheveux noirs aux reflets bleus, cachés en partie sous une étoffe de satin de couleur vive et une triple couronne de jasmin, sont roulés en turban autour de sa tête ; son front est puissant ; ses yeux verts de mer ont parfois des rayons d’orgueil dédaigneux, mais le plus souvent ils restent sans regards et comme absorbés par les pensées intérieures que rêve son imagination ardente. Son nez est légèrement arqué, ses narines se dilatent frémissantes ; sa bouche, un peu épaisse, respire la volupté et malgré l’exquise sensualité empreinte sur ses traits, l’ensemble de sa figure est froid. Sa nature est contemplative, elle vit beaucoup en elle-même et sacrifie seulement à l’idéal de son esprit.

Nous étions groupés sur un amas de coussins, tout autour d’une petite table mauresque ornée avec goût d’arabesques brillantes se détachant sur un fond bleu de ciel. La négresse Fatma avait soin d’en garnir le tour de café, de sorbets et de gâteaux au miel, tandis qu’au centre s’étalait un panier à larges bords en paille du Soudan, rempli de tabac indigène.