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LE PARFUM DES PRAIRIES

jamais eu cours auprès des dames, il fut repoussé impitoyablement. Il demeura longtemps inconsolable, puis, un beau jour, il raconta ses soucis à une vieille femme fort expérimentée en pareille manière, qui lui promit ses bons offices à la condition qu’il se calmerait, puisqu’elle lui promettait les joies du paradis.

— Je vais, de ce pas, chez celle que tu aimes, lui dit-elle.

Et comme elle s’informait quelques instants après du moyen de parvenir près de la cruelle, les voisins lui répondirent que la chose était impossible, parce qu’une chienne terrible, placée vers la porte par le mari jaloux, se précipitait à la face de ceux qui faisaient mine d’entrer dans la maison.

Je suis servie à souhait, pensa la vieille toute contente, et Dieu veut que ma promesse soit accomplie.

Elle retourna bien vite chez elle, prépara un plat de pâtes mêlées de viandes et se dirigea de nouveau vers l’habitation de la jeune femme. Elle poussa la porte et comme l’animal s’avançait vers elle, l’œil rouge de sang, elle lui tendit le vase de nourriture. La chienne, radoucie, vint caresser la