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LE JARDIN PARFUMÉ

rière lui, et qu’il se vit prisonnier de sa maîtresse qui criait toujours plus fort.

— Mais qu’avez-vous donc ? lui dit-il, et pourquoi tant de bruit ?

— Enfin, te voilà donc ici, dit la femme amoureuse. Je jure que si tu ne fais pas ce que je désire, je dirai à tous que tu es l’auteur de ce tapage ; je raconterai que, depuis longtemps, tu m’obsèdes de tes poursuites et, qu’irrité de mes refus, tu es venu ici comme un insensé pour me faire céder à la force.

— Grand Dieu ! s’écria le marabout, toi dont la puissance est immense, inspire-moi le moyen de sortir des mains de cette tigresse !

Alors il se dirigea vers la porte, qu’il chercha à ouvrir ; mais les deux femmes, recommençant à hurler de plus belle, faisaient accourir autour de la maison tout le voisinage ameuté.

— Je suis vaincu, dit le sage, sauve ma réputation et je t’appartiendrai.

Aussitôt elle l’enferma à clef dans sa chambre, et retournant auprès de la foule qui se pressait autour de l’habitation :

— Merci, mes bons amis, dit-elle, le nigaud s’est laissé prendre comme le rat par la