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LE PARFUM DES PRAIRIES

s’en frottait le tortouche et l’entrée du zouque. Quelquefois, elle l’introduisait dans l’intérieur, mesurant avec sa main la longueur qui devait pénétrer, en augmentant ou diminuant les proportions, suivant l’ardeur de ses désirs.

Un soir, le mari, se réveillant, aiguillonné par certaines idées lubriques, chercha sa compagne qu’il croyait près de lui ; il étendit les bras jusqu’au bord du lit sans rien trouver. Il se leva furieux, descendit à l’étable et resta ébahi de voir son âne qui allait et venait sans bouger de place.

— Hé ! ma femme ? cria-t-il.

— Méchant, répondit une voix qui semblait sortir de dessous terre, pourquoi Dieu t’a-t-il créé sans pitié ?

— Moi ? sans pitié, fit le cocu, pour quelle raison ?

— Parce que tu ne laisses prendre aucun repos à la pauvre bête. Lorsque je lui ai apporté ce soir sa nourriture ordinaire, elle n’a pu manger ; j’ai caressé son dos qu’elle a ployé sous ma main, et, toute désolée, j’ai voulu la soutenir un instant et me suis mise sous elle. Et il était temps, car tu as vu toi-même comme ses jambes étaient tremblantes. Après cela, si tu veux que ton âne crève,