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LE PARFUM DES PRAIRIES

brette que l’espace compris entre les quatre murs, le plancher et le plafond, est complètement occupé ; et tous deux, de plaisir, arrosons ce petit réduit de nos doux pleurs.

— Mon chagrin est grand, disait l’autre, ma couche est dure et misérable comme mes amours ; nos baisers ont la grâce de ceux qui travaillent pour rien ; et nos cœurs, peu sympathiques, ne se comprennent guère ; mon mari a beau meubler ma chambre, il n’y paraît point, et nos larmes d’ivresse sont taries.

Elles parlèrent longtemps ainsi de leurs joies et de leurs peines ; si bien que la seconde femme, toute jalouse, voulut savoir si le zeb du mari de sa voisine la guérirait de ses soucis. Pour cela, elle tâcha d’éloigner son époux, lui conseillant d’aller faire une visite à sa famille dont les tentes étaient à une journée de marche.

— Va, disait-elle, ne négligeons pas ceux qui nous aiment.

Lorsqu’elle se trouva seule, elle se parfuma d’essences et attendit la nuit avec impatience.

Quand le jour fut tombé et qu’elle pensa que le temps du sommeil était venu pour ses voisins, elle s’introduisit furtivement dans leur chambre,