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LE PARFUM DES PRAIRIES

D’après la notice historique qui se trouve dans les premiers feuillets du manuscrit, et nonobstant l’inexactitude qu’elle semble renfermer au sujet du nom du Bey qui régnait à Tunis, il est présumable que cet ouvrage a été composé dans le commencement du xvie siècle, vers l’an 925 de l’Hégire.

Quant à la patrie de l’auteur, on est autorisé à penser, en raison de l’habitude qu’ont les Arabes de joindre souvent à leur nom celui de leur pays, qu’il est né à Nefzaoua[1], ville située dans le canton de ce nom, sur les bords du lac dit Sebkha Melrir, au sud du royaume de Tunis.

Ainsi que le dit le Cheikh lui-même, il habitait Tunis, et c’est dans cette ville qu’il aurait composé son ouvrage. Un motif tout particulier, et que rapporte la tradition, l’aurait amené à s’occuper d’un travail auquel ses goûts simples et retirés semblaient devoir le rendre étranger.

Ses connaissances en jurisprudence et en littérature, ainsi qu’en médecine, l’ayant signalé au Bey de Tunis,

  1. Le canton de Nefzaoua renferme beaucoup de villages isolés les uns des autres ; tous sont en plaine et entourés de palmiers, au milieu desquels il y a de grands réservoirs. Les pèlerins croient qu’on appelle ce pays Nefzaoua parce qu’il y a mille zaoua (chapelle où est enterré un marabout), d’où, prétendent-ils, on a d’abord dit El Afoun Zaouia, puis par corruption Nefzaoua. Mais cette étymologie, qui est arabe, ne paraît pas exacte, car, d’après ce que disent les historiens arabes, les noms des localités sont antérieurs à l’établissement de l’islamisme. La ville de Nefzaoua est entourée d’un mur construit de pierres et de briques ; elle a six portes, une mosquée, des bains et un marché ; les environs offrent partout des fontaines et des jardins.