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LE PARFUM DES PRAIRIES

Puis après, que seras-tu pour elle ? Le vide ;
Tandis que tu lui resteras attaché comme l’esclave à son maître.
Crois-moi car je dis bien vrai :
Un homme doit conserver son empire sur la femme ;
La femme est dans son rôle quand elle obéit ;
Elle ne jouira de la considération de tous qu’à ce prix.

L’homme auquel Dieu a donné la sagesse.
N’aura pas un jour dans sa vie confiance en sa femme.

Ceux qui étaient avec le Sultan se mirent tous à pleurer en entendant ces beaux vers.

— Assez ! dit le seigneur Direm.

Et le nègre Debrom, complètement gris, chanta à son tour :

Nous autres nègres, nous avons bien assez de femmes,
Devant nous leurs secrets tombent sans efforts.
Les hommes blancs craignent notre couleur noire,
Ils sont pâles et faibles ; à nous la force !

Les douze filles ne sont pas pour nous,
Nous aimons les femmes faites et dressées ;
Sans nous presser, jouissons de la vie ;
La maladie s’émousse sur nos corps d’airain.

Notre vigueur irrite les désirs des femmes,
L’union de leurs corps et des nôtres les perd ;