Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, à ces mots, elle reconduisit son ange adoré jusqu’à la porte du lieu très saint.

Le lendemain, il tomba dans les premières heures de la matinée une petite pluie fine, qui mouillait ; cependant le marquis ne rendit pas visite à son neveu, ce qui affligea fort Mme Véretz ; peut-être s’était-elle promis de l’arrêter, de s’emparer de lui au passage. Dans l’après-midi, le temps s’éleva, et elle proposa à sa fille de sortir avec elle en calèche. Horace ne les accompagna pas ; il tenait à revoir une fois encore son manuscrit, pour que le soir il n’y eût pas d’accroc dans sa lecture ; il estimait que la mariée ne serait jamais assez belle.

Comme ces dames revenaient de leur promenade en longeant la belle esplanade de Montbenon, qui commande une vue admirable sur le lac et les Alpes, Mme Véretz, dont les yeux de furet voyaient tout, aperçut par la portière le marquis mélancoliquement assis sur un banc solitaire. Elle descendit lestement de voiture et pria sa fille de retourner au logis toute seule. Quelques minutes après, sans faire semblant de rien, elle passait à dix pas devant le marquis et poussait un petit cri de joyeuse surprise. M. de Miraval s’aperçut qu’entre les Alpes et lui il y avait un chignon