Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/13

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Paris et qui, échappant à ses créanciers, arrivait à toutes jambes pour tenter la fortune sur la terre des Pharaons, homme de peu, paraît-il, d’une moralité douteuse, d’une réputation plus qu’équivoque. M. Véretz avait une fille de dix-huit ans, jolie à ravir. Où et comment M. Corneuil fit sa connaissance, la chronique n’en dit rien ; elle nous apprend seulement que ce bourru avait le cœur prenable et ne savait rien refuser à son imagination. Dès sa première rencontre avec cette belle enfant, il en devint éperdument amoureux. On prétend qu’il essaya de s’en passer la fantaisie, sans épouser ; il croyait avoir affaire à une de ces innocences très dégourdies qui entendent facilement raison. Il se trompait bien ; il s’était adressé à un dragon de vertu. Il offrit tout et fut repoussé avec perte et indignation. S’il n’avait tenu qu’à M. Véretz, on serait bien vite tombé d’accord. Heureusement pour Mlle Hortense Véretz, elle avait une mère qui était une femme habile, ce qui est une grande bénédiction pour une fille. Après quelques semaines de poursuites inutiles, M. Corneuil se résolut enfin à franchir le pas. Ce consul général, qui avait de la fortune, prit son parti d’épouser pour ses beaux yeux une fille qui n’avait rien et dont le père était un homme taré ; encore