Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/180

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la vie à deux hommes… Tout à coup il se passa quelque chose dans la glace ; les rideaux fermés de mon lit s’y reflétaient, je les vis s’agiter, puis s’entr’ouvrir, et un homme en sortit. Vous avez deviné que c’était lui. Je poussai un cri perçant, je me retournai tout d’une pièce, je dis :

« — Ah ! vraiment, monsieur, c’est un peu fort, comment se fait-il ?… Qui vous a permis de vous introduire ici ?

« Il me répondit avec un sourire narquois :

« — Ma chère, votre femme de chambre a bon cœur ; elle a pitié des malheureux, quand ils lui prouvent par de bonnes raisons qu’ils sont dignes de son intérêt ; celles que je lui ai données lui ont paru suffisantes.

« Là-dessus il se redresse de toute sa taille, lève le menton, fronce ses noirs sourcils et me dit d’une voix impérieuse, presque menaçante :

« — Il faut bien que vous le vouliez, puisque je le veux.

« Et, à ces mots, il s’avance vers moi les bras ouverts.

« Si bonne fille qu’on soit, docteur, on n’aime pas certains genres de surprises, ni que les gens se permettent d’entrer chez vous comme dans un moulin. Il me parut que le bel Edwards allait un