Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/184

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fis la réflexion qu’il en est des perroquets comme des rois : Jacquot est mort, vive Jacquot ! Un jour que je passais sur le quai du Louvre, j’entrai chez un marchand d’oiseaux, où je trouvai ce que je cherchais. Ce marchand était un Arabe, nous eûmes de la peine à nous entendre. Pendant que nous discutions, voilà que le ciel se couvre et qu’un nuage crève. Quand je sortis de la boutique, mon perroquet sous mon bras, il pleuvait à verse, et pas un fiacre sur la place ; jugez de mon embarras. Mais, comme par un miracle, une voiture fermée qui passait s’arrête ; un homme en descend et vient à moi. C’était lui. Je vous assure que vous ne l’auriez pas reconnu, tant il avait l’air soumis, humble, respectueux, contrit, repentant. Malgré la pluie qui tombait, il restait nu-tête, l’échine pliée en deux, et il osait à peine me regarder.

« — De grâce, fit-il, acceptez ma voiture ; vous direz à mon cocher où il doit vous conduire.

« Il me sembla qu’il y avait un coup du ciel dans cette affaire, et je lui répondis en riant :

« — Cette fois, je dirai oui.

« Je monte, il referme la portière, me salue encore, s’éloigne à reculons. Il me vint un scrupule ; je ne voulus pas que cet homme se mouillât, et je lui dis doucement :