Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/191

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Oh ! docteur, je n’ai rien à me reprocher, je lui ai souvent proposé de la loger, j’ai de la place ; mais elle prétend qu’elle aime à vivre seule, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours fourrée chez moi, trouvant à redire à ceci, à cela…

— Ainsi, pendant un mois, il fut charmant, » interrompis-je avec un peu d’impatience.

Mlle Perdrix me regarda d’un air de reproche, et me montrant du doigt la pendule :

« Il n’est encore que minuit trois quarts. Avez-vous quelque affaire cette nuit ?

— Et vous-même, ma chère ? lui demandai-je.

— Ne vous inquiétez pas de moi ; il n’est pas à Paris. Mais vraiment vous avez tort de ne pas m’écouter ; vous ne vous doutez pas de la surprise que je vous ménage.

— Va pour la surprise, lui dis-je ; mais tâchons d’y arriver. Si aimable que soit la compagnie, je n’ai jamais aimé à rester en chemin.

— Patience, reprit-elle, nous arrivons. Un soir qu’il était venu me chercher au théâtre, il me représenta que nous étions au premier printemps, que l’air était tiède, que la lune éclairait, qu’il serait charmant de passer la nuit à courir les bois. Son intention me parut bonne, et nous partîmes. Tantôt en voiture, tantôt à pied, nous cheminâmes