Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/259

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— Ah ! monsieur, ne jurez pas, dit tranquillement le petit Lestoc, qui était tout attention, sans en avoir l’air. Oh ! non, ne jurez pas. Ma tante Dorothée, qui m’a élevé, m’a appris que cela portait toujours malheur.

— Vous avez eu tort d’interrompre monsieur, reprit M. Drommel, car il allait me dire qu’un voleur est celui qui s’approprie le bien d’autrui. Je l’attendais là, et j’aurais eu l’avantage de lui riposter que l’État est un voleur, puisqu’il exproprie quelquefois les gens pour cause d’utilité publique.

— Je n’ai jamais eu de goût pour les sophismes et pour les sophistes, repartit M. Taconet, à qui les ricanements du sociologue portaient sur les nerfs. »

Le petit Lestoc l’interrompit de nouveau en lui disant de son ton froid et posé :

« Ah ! de grâce, répondez, mais ne vous fâchez pas ; vous voyez que je ne me fâche pas, et pourtant les thèses de notre honorable commensal… Je voudrais bien savoir son nom ; oserais-je le lui demander ?

— Osez, jeune homme. Je m’appelle M. Drommel. »

Il ajouta modestement :