Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


— Vous faites tort aux fous allemands, lui dit M. Taconet en se levant de table ; ils se suffisent parfaitement, et c’est assez de leurs petites drôleries pour tenir en gaieté la terre, la lune et les étoiles. »

Puis s’approchant de M. Drommel :

« L’un des derniers Peaux-Rouges, lui cria-t-il, souhaite à la synthèse germanique une douce nuit et d’heureux songes. »

Cela dit, il s’inclina humblement et prit la porte.

« Cet homme est fort désagréable, grommela M. Drommel ; il a l’humeur rêche et déplaisante. Je me connais en physionomies, la sienne m’a rebuté tout de suite ; c’est une de ces figures qu’on n’aime pas à rencontrer au coin d’un bois.

— Je connais un honnête homme qui était de votre avis, dit Lestoc, et qui en serait encore si l’on ne l’avait guillotiné l’autre jour.

— Qu’est-ce à dire ? demanda le prince de Malaserra.

— Je veux dire, mon prince, que certaines gens aiment mieux rencontrer dans les bois une jolie femme qu’un commissaire de police.

— Ah ! M. Taconet, il est de la police ! s’écria le prince. Je m’en étais douté. La police, elle a quelque chose dans l’œil, et elle manque de formes, surtout en France. »