Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/282

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« J’ai mon projet, » répondit-il.

Elle le regarda en se disant :

« Il est vraiment prodigieux.

— Oui, reprit-il, j’ai mon idée. Ce galopin a du talent, et j’ai décidé que j’aurais de sa peinture sans qu’il m’en coûtât rien.

— Et c’est sur moi que tu comptes pour cela ?

— Dans le courant de la conversation, tu demanderas à visiter ses portefeuilles ; il ne te refusera pas un petit souvenir. On ne refuse rien à une jolie femme qui sait s’y prendre… Et puis il t’amusera. Croirais-tu, ma chatte, qu’il a fait vœu ?… Ils sont tous comme cela dans l’école du plein air. Oui, croirais-tu que jamais, au grand jamais ? .. C’est lui-même qui le dit. Ma parole d’honneur ! ces Français sont bien étonnants ! Quand ils ne sont pas des Lovelace, ils sont candides au delà de tout ce qu’on peut se figurer. Celui-ci a été élevé par une vieille tante, vertu farouche, qui avait de la barbe au menton, et il est vraiment incomparable… Dame ! il est un peu sauvage. Tâche de l’apprivoiser. Voyons, puis-je te l’amener ? y consens-tu ? »

Après s’être fait longtemps prier, Mme Drommel finit par consentir ; en fin de compte, elle était toujours consentante.