Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/284

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t’expliquera les principes de Mlle Dorothée et de l’école du plein air. »

Quelque peine que se donnât M. Drommel, la glace fut difficile à rompre. Lestoc était raide comme un piquet, hautain, gourmé ; impossible de le dérider. Mme Drommel était gracieuse ; pouvait-elle ne pas l’être ? Mais elle avait malgré elle l’air d’une femme qu’on dérange et qui préfère la solitude aux importuns.

M. Drommel les laissa se débrouiller. Leur tournant le dos, il se mit à arpenter une des allées du jardin. Il tenait d’une main son crayon, de l’autre son carnet. Il s’était avisé, en prenant son café, d’une sanglante épigramme à décocher à l’asinus, il avait hâte de la noter. C’était une vraie trouvaille, et, si tenace que fût sa mémoire, écrire lui paraissait plus sûr. Il n’avait une confiance absolue qu’en deux choses, sa femme et son calepin.

Tout en écrivant, il prêtait l’oreille de temps à autre ; il lui parut qu’on s’était mis à causer, et il jugea même que l’entretien était assez animé. Il entendit tout à coup le petit Lestoc s’écrier :

« Là, franchement, convenez que c’est un sot. »

M. Drommel écarta les branches d’un chèvrefeuille, qui obstruait l’entrée du kiosque ; il avança sa tête carrée et dit :