Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/289

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roses qui n’avaient jamais égratigné personne. Il était pressé de s’en aller, on ne fait pas attendre les princes. Elle l’accompagna jusqu’au milieu du jardin, en lui recommandant d’éviter les courants d’air, de se défier du serein, de ne pas oublier son plaid à Fontainebleau, de s’en envelopper avec soin au retour, enfin d’avoir les plus grand égards pour sa précieuse personne. Puis elle le regarda s’éloigner.

« Il paraît bien que l’écriture est en règle, » pensa-t-elle.

Les cloches sonnait toujours. Elle s’adossa contre un pommier, ferma à moitié les yeux. Il lui sembla qu’un bras téméraire s’enlaçait autour de sa taille, que des lèvres audacieuses se pressaient sur les siennes, qu’une voix jeune et frémissante lui disait :

« Je vous adore, il m’en faut trois. »

Était-ce un rêve ou un souvenir ?

Elle fut réveillée en sursaut par son mari, qui rebroussait chemin pour lui dire :

« Il me vient une idée ; promets-lui un abonnement à la Lumière.

— Je crains bien que cela ne suffise point, » répliqua-t-elle.

Et elle l’exhorta de nouveau à éviter soigneusement les mauvais pas et les courants d’air.